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SAVOURER L’INSTANT PRESENT, UNE GRACE DE LOURDES

Lors de notre dernier pèlerinage d’avril à Lourdes, plusieurs hospitaliers sont venus vers moi pour me partager, avec une joie ineffable qui se lisait sur leurs visages, qu’ils vivaient là leur plus beau pèlerinage. Et ce n’était pas des hospitaliers de la dernière heure, loin s’en faut, mais des vieux routards de l’hospitalité comptabilisant 20, 25, voire 30 pèlerinages diocésains à leur compteur.


La question qui m’est venue tout de suite à l’esprit était de me dire : « Cela signifie-t-il que nous avons progressé dans l’organisation et le bon déroulement de nos pèlerinages au point de leur offrir le plus marquant des pèlerinages ? » La réponse est bien sûr négative. Ce serait bien présomptueux d’en tirer une pareille conclusion. Ce cri du cœur est pourtant d’autant plus surprenant que notre pèlerinage d’avril n’avait rien d’exceptionnel, à l’inverse des deux pèlerinages de l’an passé, avec cette excursion à la Cité Saint Pierre ; à l’inverse de celui de ce mois de juillet que nous allons vivre et où il nous sera donné d’assister à cette merveilleuse et touchante comédie musicale sur Bernadette. Lors de ce pèlerinage d’avril 2019, nous nous sommes tout bonnement contentés de suivre le programme traditionnel que propose le sanctuaire, sans aucun ajout de notre part. Pour tout dire, notre pèlerinage n’avait rien d’original.


Dès lors, comment expliquer cette exaltation qui a été exprimée par certains ? L’engouement, même s’il n’était pas expressément formulé, était d’ailleurs palpable chez l’ensemble des hospitaliers et des malades que nous avons accompagnés. Et, à y regarder de près, le même scénario se répète année après année : « C’est mon plus beau pèlerinage !!! »......« C’est mon plus beau pèlerinage !!! »…… Les quelques extravertis l’expriment invariablement avec exubérance, et tous les autres, même s’ils ne l’expriment pas formellement le pensent fortement.

L’explication que je suis tenté de donner vaut ce qu’elle vaut, elle n’engage que moi. Lourdes est comme un écrin à l’intérieur duquel nous nous sentons en dehors du monde, hors de portée des turpitudes, des soucis qui nous assaillent, à l’abri de cette existence bruyante, trépidante et par là même envahissante. A Lourdes, il y règne un climat empreint de bienveillance, de joie, de partage, et j’irais jusqu’à dire de communion, le mot n’est pas trop fort. A Lourdes, malgré la foule, c’est une grande quiétude qui domine et on ne se sent nullement oppressé. On y est si bien que l’on se sent hors du temps. Certains disent qu’à Lourdes, on a l’impression de se trouver dans l’antichambre du Paradis. Chacun savoure pleinement l’instant présent au point que nous en oublions notre quotidien, comme une parenthèse qui s’est ouverte lorsque nous montons dans les cars et qui se referme inéluctablement lorsque nous regagnons nos chaumières.


Et je crois que c’est là une des grâces de Lourdes. Mère Teresa n’a-t-elle pas dit : « Hier n’est plus. Demain n’est pas encore. Nous n’avons qu’aujourd’hui. Mettons nous à l’œuvre ». A Lourdes, nous sommes nous tous hospitaliers tendus vers un objectif commun : apporter tout notre soin, tout notre réconfort à nos chers malades. Voilà « l’œuvre » dont parle Sainte Teresa nous concernant (elle a été canonisée en 2016). Cette oeuvre nous occupe à plein temps pendant ces quelques jours de pèlerinage, si bien que l’inclination naturelle est d’être dans l’aujourd’hui, de vivre intensément cet aujourd’hui ; et c’est sans doute pourquoi lorsque vient le temps des au revoir et des embrassades, on se dit qu’on n’a pas vu les jours passer.


A la question qui fut posée à Gandhi : « Quel est le plus beau jour de votre vie ? », celui-ci répondit : « Le plus beau jour de ma vie, c’est aujourd’hui ». Comme à Lourdes où chaque pèlerinage est vécu comme le plus beau, cette grâce de Lourdes consistant à savourer tous ces beaux moments qui nous sont donnés est peut-être une invitation à transposer la joie qui nous habite en pèlerinage, dans notre vie de tous les jours, et faire en sorte de positiver et de magnifier chacune de nos journées pour que nous puissions dire à notre tour : « Le plus beau jour de ma vie, c’est aujourd’hui ».


Alain Charbonnier, président de l’Hospitalité


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