Lors du dernier pèlerinage, nous avons donné la parole à nos malades pèlerins pour qu’ils nous partagent en quoi Dieu fit pour eux des merveilles, et ce en lien avec notre thème d’année. Ce fut un moment d’une grande intensité que je retiens pour que nous mettions davantage en avant nos chers malades. Face à la maladie, au handicap, il arrive que nous nous sentions démunis. Nous ne savons quoi faire, ni quoi dire. Mais si c’était d’abord ces personnes fragilisées par la maladie ou le handicap qui avaient quelque chose à nous dire ?
A l’exemple de cette jeune handicapée d’une vingtaine d’années, Jeanne Pelat, atteinte de myopathie dès sa plus jeune enfance et qui a témoigné avec une foi d’une bouleversante maturité de son combat contre la maladie, lors du pèlerinage national de l’Assomption à Lourdes le 14 août dernier. Elle est l’auteur d’un livre qui s’intitule : « Résiste ! Une vie dans un corps que je n’ai pas choisi. » Voici quelques extraits de son intervention :
Sur l’accueil de la souffrance
« Sans les malades, l’humanité ne serait plus à l’image du Christ…Que serait le Christ sans ses stigmates ? Nous ne sommes que son reflet. »
Sur l’idée qu’elle se fait de l’Eternité
« La maladie est un cadeau car on touche à la réalité du Christ dans sa Passion pendant toute notre vie. Et à la fin de notre vie, c’est le Christ qui se réserve jalousement notre guérison qui nous attend. Il veut nous l’apporter Lui-même, tout simplement…Plus on souffre ici-bas, plus cette Eternité paraît resplendissante. »
Sur la représentation du Christ qui la touche le plus
« C’est l’image du Christ crucifié puisque c’est l’accomplissement de tout ce qu’Il a promis. C’est une folie d’amour absolu. Il pouvait à tout moment dire : j’ai assez souffert, j’ai assez donné, je remonte vers mon Père et puis basta. Eh bien non ! Il est resté jusqu’au bout, Il a tout souffert avec nous parce qu’Il l’avait décidé dès le départ, et Il est resté fidèle à sa promesse. Il est resté avec nous jusqu’à la Croix, jusqu’au désespoir. »
Sur la Parole du Christ qui l’a beaucoup marquée
« Quand Jésus dit : tout ce que vous ferez au plus petit, c’est à moi que vous le ferez, Il s’identifie au plus petit d’entre tous. Mais en plus, Il donne un message aux soignants, en leur rappelant que c’est presque un honneur de servir les malades, d’avoir l’occasion de soigner le Christ, d’avoir le Christ à portée de main en aidant n’importe qui d’entre nous. C’est assez miraculeux. Si on prenait cette Parole plus au sérieux, les hôpitaux, on pourrait les appeler : sanctuaires. »
On a coutume de dire que l’on reçoit plus que ce que l’on donne. Nous l’avons tous expérimenté en tant qu’hospitaliers et c’est une expérience à chaque fois renouvelée. Mais encore faut-il se mettre dans les bonnes dispositions pour recevoir. Pour Quentin de Veyrac, auteur de : « A l’école des plus pauvres, de l’aventure à la quête intérieure », c’est une certitude : « C’est en se nourrissant de la beauté que l’âme devient belle, en se nourrissant de la bonté qu’elle devient bonne, en s’inondant dans l’amour qu’elle devient aimante. C’est en acceptant de recevoir que l’on devient capable de donner. » Puissions-nous nous inspirer de cette belle parole, et tâcher, en vue de transcender notre service auprès des malades, de se mettre à leur écoute. Ils ont tellement à nous enseigner, à nous qui avons cette chance inestimable d’être bien portants !
Alain Charbonnier, président de l’Hospitalité
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