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RÉFLEXIONS

SAVOURER L’INSTANT PRESENT, UNE GRACE DE LOURDES

 

Le 16 juillet 2019

 

Lors de notre dernier pèlerinage d’avril à Lourdes, plusieurs hospitaliers sont venus vers moi pour me partager, avec une joie ineffable qui se lisait sur leurs visages, qu’ils vivaient là leur plus beau pèlerinage. Et ce n’était pas des hospitaliers de la dernière heure, loin s’en faut, mais des vieux routards de l’hospitalité comptabilisant 20, 25, voire 30 pèlerinages diocésains à leur compteur.

 

La question qui m’est venue tout de suite à l’esprit était de me dire : « Cela signifie-t-il que nous avons progressé dans l’organisation et le bon déroulement de nos pèlerinages au point de leur offrir le plus marquant des pèlerinages ? » La réponse est bien sûr négative. Ce serait bien présomptueux d’en tirer une pareille conclusion. Ce cri du cœur est pourtant d’autant plus surprenant que notre pèlerinage d’avril n’avait rien d’exceptionnel, à l’inverse des deux pèlerinages de l’an passé, avec cette excursion à la Cité Saint Pierre ; à l’inverse de celui de ce mois de juillet que nous allons vivre et où il nous sera donné d’assister à cette merveilleuse et touchante comédie musicale sur Bernadette. Lors de ce pèlerinage d’avril 2019, nous nous sommes tout bonnement contentés de suivre le programme traditionnel que propose le sanctuaire, sans aucun ajout de notre part. Pour tout dire, notre pèlerinage n’avait rien d’original.

 

Dès lors, comment expliquer cette exaltation qui a été exprimée par certains ? L’engouement, même s’il n’était pas expressément formulé, était d’ailleurs palpable chez l’ensemble des hospitaliers et des malades que nous avons accompagnés. Et, à y regarder de près, le même scénario se répète année après année : « C’est mon plus beau pèlerinage !!! »......« C’est mon plus beau pèlerinage !!! »…… Les quelques extravertis l’expriment invariablement avec exubérance, et tous les autres, même s’ils ne l’expriment pas formellement le pensent fortement.

L’explication que je suis tenté de donner vaut ce qu’elle vaut, elle n’engage que moi. Lourdes est comme un écrin à l’intérieur duquel nous nous sentons en dehors du monde, hors de portée des turpitudes, des soucis qui nous assaillent, à l’abri de cette existence bruyante, trépidante et par là même envahissante. A Lourdes, il y règne un climat empreint de bienveillance, de joie, de partage, et j’irais jusqu’à dire de communion, le mot n’est pas trop fort. A Lourdes, malgré la foule, c’est une grande quiétude qui domine et on ne se sent nullement oppressé. On y est si bien que l’on se sent hors du temps. Certains disent qu’à Lourdes, on a l’impression de se trouver dans l’antichambre du Paradis. Chacun savoure pleinement l’instant présent au point que nous en oublions notre quotidien, comme une parenthèse qui s’est ouverte lorsque nous montons dans les cars et qui se referme inéluctablement lorsque nous regagnons nos chaumières. 

 

Et je crois que c’est là une des grâces de Lourdes. Mère Teresa n’a-t-elle pas dit : « Hier n’est plus. Demain n’est pas encore. Nous n’avons qu’aujourd’hui. Mettons nous à l’œuvre ». A Lourdes, nous sommes nous tous hospitaliers tendus vers un objectif commun : apporter tout notre soin, tout notre réconfort à nos chers malades. Voilà « l’œuvre » dont parle Sainte Teresa nous concernant (elle a été canonisée en 2016). Cette oeuvre nous occupe à plein temps pendant ces quelques jours de pèlerinage, si bien que l’inclination naturelle est d’être dans l’aujourd’hui, de vivre intensément cet aujourd’hui ; et c’est sans doute pourquoi lorsque vient le temps des au revoir et des embrassades, on se dit qu’on n’a pas vu les jours passer.

 

A la question qui fut posée à Gandhi : « Quel est le plus beau jour de votre vie ? », celui-ci répondit : « Le plus beau jour de ma vie, c’est aujourd’hui ». Comme à Lourdes où chaque pèlerinage est vécu comme le plus beau, cette grâce de Lourdes consistant à savourer tous ces beaux moments qui nous sont donnés est peut-être une invitation à transposer la joie qui nous habite en pèlerinage, dans notre vie de tous les jours, et faire en sorte de positiver et de magnifier chacune de nos journées pour que nous puissions dire à notre tour : « Le plus beau jour de ma vie, c’est aujourd’hui ». 

 

Alain Charbonnier, président de l’Hospitalité

ACCEPTER DE RECEVOIR POUR ETRE CAPABLE DE DONNER

 

Le 23 octobre 2017

 

Lors du dernier pèlerinage, nous avons donné la parole à nos malades pèlerins pour qu’ils nous partagent en quoi Dieu fit pour eux des merveilles, et ce en lien avec notre thème d’année. Ce fut un moment d’une grande intensité que je retiens pour que nous mettions davantage en avant nos chers malades. Face à la maladie, au handicap, il arrive que nous nous sentions démunis. Nous ne savons quoi faire, ni quoi dire. Mais si c’était d’abord ces personnes fragilisées par la maladie ou le handicap qui avaient quelque chose à nous dire ?

 

A l’exemple de cette jeune handicapée d’une vingtaine d’années, Jeanne Pelat, atteinte de myopathie dès sa plus jeune enfance et qui a témoigné avec une foi d’une bouleversante maturité de son combat contre la maladie, lors du pèlerinage national de l’Assomption à Lourdes le 14 août dernier. Elle est l’auteur d’un livre qui s’intitule : «  Résiste ! Une vie dans un corps que je n’ai pas choisi. » Voici quelques extraits de son intervention :

 

Sur l’accueil de la souffrance

« Sans les malades, l’humanité ne serait plus à l’image du Christ…Que serait le Christ sans ses stigmates ? Nous ne sommes que son reflet. »

 

Sur l’idée qu’elle se fait de l’Eternité

« La maladie est un cadeau car on touche à la réalité du Christ dans sa Passion pendant toute notre vie. Et à la fin de notre vie, c’est le Christ qui se réserve jalousement notre guérison qui nous attend. Il veut nous l’apporter Lui-même, tout simplement…Plus on souffre ici-bas, plus cette Eternité paraît resplendissante. »

 

Sur la représentation du Christ qui la touche le plus

« C’est l’image du Christ crucifié puisque c’est l’accomplissement de tout ce qu’Il a promis. C’est une folie d’amour absolu. Il pouvait à tout moment dire : j’ai assez souffert, j’ai assez donné, je remonte vers mon Père et puis basta. Eh bien non ! Il est resté jusqu’au bout, Il a tout souffert avec nous parce qu’Il l’avait décidé dès le départ, et Il est resté fidèle à sa promesse. Il est resté avec nous jusqu’à la Croix, jusqu’au désespoir. »

 

Sur la Parole du Christ qui l’a beaucoup marquée

« Quand Jésus dit : tout ce que vous ferez au plus petit, c’est à moi que vous le ferez, Il s’identifie au plus petit d’entre tous. Mais en plus, Il donne un message aux soignants, en leur rappelant que c’est presque un honneur de servir les malades, d’avoir l’occasion de soigner le Christ, d’avoir le Christ à portée de main en aidant n’importe qui d’entre nous. C’est assez miraculeux. Si on prenait cette Parole plus au sérieux, les hôpitaux, on pourrait les appeler : sanctuaires. »

 

On a coutume de dire que l’on reçoit plus que ce que l’on donne. Nous l’avons tous expérimenté en tant qu’hospitaliers et c’est une expérience à chaque fois renouvelée. Mais encore faut-il se mettre dans les bonnes dispositions pour recevoir. Pour Quentin de Veyrac, auteur de : « A l’école des plus pauvres, de l’aventure à la quête intérieure », c’est une certitude : « C’est en se nourrissant de la beauté que l’âme devient belle, en se nourrissant de la bonté qu’elle devient bonne, en s’inondant dans l’amour qu’elle devient aimante. C’est en acceptant de recevoir que l’on devient capable de donner. » Puissions-nous nous inspirer de cette belle parole, et tâcher, en vue de transcender notre service auprès des malades, de se mettre à leur écoute. Ils ont tellement à nous enseigner, à nous qui avons cette chance inestimable d’être bien portants !

 

Alain Charbonnier, président de l’Hospitalité

 

LE TREPIED DE L'HOSPITALITE 

Le 17 juillet 2017

 

Ces temps de vacances sont propices au ressourcement spirituel et intellectuel. Et pour nous qui sommes hospitaliers, résolument tournés vers les personnes en souffrance, cette prise de recul me paraît capitale. Alors voilà qui pourrait nourrir notre réflexion d’été : le trépied de l’hospitalier !

 

« Le musicien de concert, assis derrière son pupitre, attend de celui-ci une bonne stabilité pendant l’exécution de son œuvre. Il repose sur trois pieds, ce qui est nécessaire et suffisant. Quel rapport avec Lourdes ? Un bon hospitalier, pour être apprécié, doit aussi être bien équilibré. Il lui faut alors lui aussi trois pieds qui sont : Prière, Accueil et Humilité.

Prier : L’hospitalier est lui aussi en pèlerinage. Les journées sont longues, l’accompagnement des personnes malades exigeant, il faut demander à Marie la force et le courage nécessaires pour être au top.

Accueillir : La personne malade ou handicapée attend de notre part une attitude d’écoute, de soin, de gentillesse, de prévenance.

Humilité : Des années de pèlerinage, voire des dizaines pour certains, ne sont pas des gages de bons comportements et ne donnent aucun droit de commandement sur les nouveaux ou les jeunes ; il n’y a pas de grande ou de petite tâche. Le Christ, pourtant « Fils », a commencé par être serviteur. »

 

Ces trois règles que j’ai glanées dans un bulletin de « l’hospitalité Notre Dame de Lourdes » appellent de ma part quelques commentaires.

  • Ces trois piliers que sont la prière, l’accueil et l’humilité me paraissent avoir tout autant leur place en pèlerinage à Lourdes que dans notre quotidien d’hospitalier, c’est à dire tout au long de l’année. Sous l’impulsion des responsables de doyennés et d’ensembles paroissiaux, ayons à cœur dès la rentrée de septembre de partir d’un bon pied.

  • Trouver le bon positionnement auprès de nos malades n’est pas toujours aisé. Si nous avons toujours à être dans l’accueil, il apparaît que nous devons parfois adapter notre comportement  aux pathologies rencontrées. La bienveillance de mise n’exclut pas parfois une certaine fermeté.

  • Pour les hospitaliers dont l’aspiration profonde est d’être des disciples du Christ, la prière est une nourriture sans laquelle leur service auprès des malades serait dénaturé, au risque de tomber dans un certain activisme. Le Père Daniel BROTTIER (1876-1936), aumônier militaire pendant la 1ère guerre mondiale, héros du front qui aurait dû mourir 100 fois, fondateur des « apprentis orphelins d’Auteuil », et béatifié par Saint Jean-Paul II en 1984, disait ceci : « D’où vient que beaucoup d’œuvres fort bien organisées produisent peu de résultats ? C’est l’essentiel de l’organisme qui manque. Il y a des mains, des pieds, une tête, plusieurs langues et point de cœur. Le cœur d’une œuvre, c’est la vie intérieure ».

  • Mais je n’oublie pas que parmi nous, certains sont incroyants. Leur engagement auprès des malades trouve son sens dans un humanisme qui les honore. Ils ont donc à l’évidence toute leur place dans la famille de l’hospitalité.

  • S’agissant de l’humilité, j’ai acquis la certitude que l’esprit hospitalier (lequel resterait à définir) n’est pas l’apanage des hospitaliers qui ont de la bouteille. Je suis touché de voir que parmi nos stagiaires, il en est qui font preuve d’un dévouement exemplaire, qui ont une manière d’être et de faire qui n’a rien à envier à leurs pairs plus anciens. Alors, luttons contre toute autorité déplacée qui n’aurait pour résultat que de faire fuir nos hospitaliers plus jeunes dans le métier, et sachons en revanche nous enseigner mutuellement et nous remettre régulièrement en question.

 

Pour reprendre cette image du musicien de concert, on attend de nous de jouer notre partition sans fausse note, sans quoi notre prestation serait de piètre qualité. Et pour éviter que notre symphonie ne se transforme en un infâme brouillamini, nous l’avons bien compris, il nous faut être bien campés sur nos trépieds. Travaillons-y, ce n’est jamais gagné, car si l’on n’y prend garde, les trépieds sur lesquels nous sommes assis auraient vite fait d’être déséquilibrés et nous ne serions pas accordés.

 

Alain CHARBONNIER, président de l’Hospitalité

 

LE SEIGNEUR FIT POUR MOI DES MERVEILLES

 

Le 18 janvier 2017

 

« Le Seigneur fit pour moi des merveilles ». Tel est le thème sur lequel nous sommes appelés cette année par les sanctuaires de Lourdes à réfléchir, méditer et prier. Pour ceux d’entre vous qui étaient présents, le Père Nicolas Germain, aumônier des jeunes, a introduit ce thème lors de notre récollection annuelle le 22 octobre dernier. Il a davantage développé les merveilles dont s’est sentie comblée la Vierge Marie. Pour ma part, je porterai plutôt un regard sur les merveilles dont nous pouvons rendre grâce, de telle sorte que nous puissions d’un cœur fervent, dire à notre tour « Magnificat ».

 

Mais avant cela, je vous livre une recommandation qu’avait faite le pape Paul VI : « Je vous recommande l’émerveillement, l’étonnement, comme si nous découvrions sous chaque chose quelque chose de nouveau…Découvrir et laisser son propre esprit exulter d’émerveillement. »

 

Cette Parole jubilatoire : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles » prononcée par la Vierge Marie nous invite à adopter nous aussi quotidiennement une attitude pleine de reconnaissance. A l’école de Marie, n’avons-nous pas de bonnes raisons de nous émerveiller des merveilles que le Seigneur réalise pour ses créatures et pour nous personnellement ? Et cela en dépit des épreuves, des soucis, des souffrances qui peuvent nous ronger et obscurcir notre regard.

 

Merveille de nous avoir donné Jésus pour sauver l’humanité du péché ; mais aussi merveille d’avoir épousé la condition humaine, signifiant ainsi toute la grandeur de l’homme.

Merveille de nous avoir donné la vie sur cette terre ; mais aussi merveille de nous faire enfants de Dieu par le Baptême et voués à la vie éternelle.

Merveille de nous avoir créés hommes et femmes, de permettre aux créatures mortelles que nous sommes de transmettre la vie de génération en génération, nous faisant ainsi coopérateurs de sa création ; mais aussi merveille de nos différences qui nous invitent à nous enrichir mutuellement de nos complémentarités.

Merveille pour cette  nature foisonnante que notre Créateur a mise à notre disposition pour l’admirer et en jouir ; mais aussi merveille de nous donner les moyens de la faire fructifier, nous assurant de cette manière le pain quotidien.

Merveille de nous avoir donné le jour dans ce beau pays de France, dont la terre a été modelée, ciselée par nos ancêtres ; mais aussi merveille de vivre sur un territoire qui, au cours de son histoire a été maintes fois âprement défendu, et dont le résultat inestimable est celui de la liberté. 

Merveille pour tous les cadeaux de la vie auxquels nous ne prêtons pas assez attention et qui pourtant contribuent à notre bonheur ; mais aussi merveille pour notre Dieu miséricordieux de continuer inlassablement à croire en nous malgré nos infidélités, nos fourberies, notre égoïsme, voire nos trahisons.

 

Marie, alors qu’Elle portait en son sein le Fils de Dieu et, malgré son état, a accouru  auprès de sa cousine Elisabeth, enceinte comme Elle. Elle s’est mise à son service quelque trois mois durant pour la soulager. A son exemple, que toutes ces merveilles dont le Seigneur nous gratifie nous donne à nous aussi des ailes pour accourir au chevet de nos chers malades et nous mettre généreusement et fidèlement à leur service. 

                                                                         

Alain CHARBONNIER, président de l’Hospitalité

 

 

 

EN CHEMIN VERS LA MISÉRICORDE

 

Le 30 octobre 2016

 

L’hospitalité, depuis ses origines, est un lieu où chacune et chacun d’entre nous est appelé à redécouvrir la Miséricorde de Dieu en nous mettant simultanément en situation de pèlerin et de serviteur auprès de notre prochain.

Pèlerin chaque année, nous sommes invités à Lourdes, par l’exemple de Bernadette, à nous faire petits, humbles, à demander pardon à notre Dieu avec l’aide maternelle de Marie. Notre Mère à tous nous accompagne sans cesse, avec un cœur de tendresse et d’amour, à reconnaître nos fautes, et surtout à découvrir que Dieu pardonne tout, que Dieu pardonne toujours. A Lourdes, lieu privilégié et saint, notre âme accède plus favorablement à la Miséricorde ultime de Dieu, qui oublie tous nos péchés car son Amour est grand, plus grand que tout.

Cet Amour offert, nous oblige ! A quoi ?A nous-mêmes, être miséricordieux, proches de notre prochain, acceptant l’autre dans ses différences, ses forces, ses faiblesses.

Nous sommes appelés ainsi à aller au-delà de nos préjugés, à regarder au-delà des premières apparences en allant chercher le cœur de chacun. Parce que personne ne reste à l’écart de la Miséricorde de Dieu, notre Eglise se doit d’être ouverte pour y accueillir tout à chacun.

C’est ainsi que notre mission de serviteur nous enseigne la totalité du sens de la Miséricorde de Dieu :

-  Par le service, nous permettons à nos frères malades et handicapés d’être pèlerin, d’accomplir pleinement leur chemin de Foi, d’accéder au lieu saint de Lourdes, lieu d’Amour, d’Espérance. Ainsi nos frères souffrants ne restent pas à l’écart de la Miséricorde de Dieu !

-  Par le service à Lourdes, nous devenons également des apprentis de la solidarité chrétienne originelle. Il est plus aisé, en communauté d’hospitaliers, d’appréhender la relation aux plus fragiles, et d’y mettre un sens divin. Ainsi, nous sommes plus armés pour œuvrer dans notre milieu de vie, dans d’autres lieux, d’autres circonstances.

Pèlerin et serviteur, le Bon Pasteur vient nous chercher. Il faut alors éveiller tous nos sens pour écouter et répondre à ses appels successifs, qui ne cessent d’exister tout au long de notre vie, jusqu’au dernier appel à le rejoindre. Durant ces 16 dernières années au sein du conseil de l’Hospitalité du Berry, 10 ans au sein du conseil de l’association des présidents, j’ai su comprendre à vos côtés que notre mission consistait à se nourrir et à nourrir nos frères malades de la Parole.

Ainsi, l’hospitalité se doit sans cesse de surpasser l’aide physique par l’aide spirituelle, cette dernière incluant de fait la première.Par notre tradition d’accueil, nous répondons en partie à cette belle mission d’Eglise. Durant nos pèlerinages, nombreux d’entre nous redécouvrons ainsi l’envie de vivre plus intensément notre Foi.

A mes yeux, bien moins périlleuses que d’autres œuvres humanitaires, la mission de l’hospitalité n’en demeure pas moins essentielle ! Bras servant de l’Eglise, l’arbre de l’hospitalité s’enracine dans l’immensité du champ de la Foi comme un repère, un abri, une source à tout homme en chemin.

L’arbre de l’Hospitalité est tout à la fois solide de nos sincères démarches de pèlerins, mais aussi fragile de nos tentations à se glorifier d’œuvre caritative. L’arbre de l’Hospitalité est fort de ses grâces vécues ensemble à Lourdes, faible au vu du chemin restant à parcourir vers la sainteté.

 

Olivier CROUZET

Ancien président de l’Hospitalité du Berry

Ancien secrétaire général de l’Association des Présidents des Hospitalités Francophones

VIGIPRIÈRE

le 10 octobre 2016                 

 

 

Notre quiétude estivale a été entachée par deux évènements dramatiques, fruit d’un fanatisme islamique exacerbé qui ont suscité de la part du plus grand nombre de nos concitoyens sidération et colère. Je fais référence bien sûr au véritable carnage à Nice, le soir du 14 juillet, sur la Promenades des Anglais, suivi quelques jours après par l’assassinat du Père Jacques Hamel en l’église de Saint-Etienne de Rouvray.

 

Ces crimes barbares nous touchent doublement : comme Français et comme chrétiens. Comme Français car nous voyons bien que ces terroristes cherchent délibérément à nous affaiblir en réduisant à néant notre concorde nationale déjà bien fragilisée ; comme chrétiens car ces mêmes extrémistes cherchent à ébranler le christianisme, fondement de nos valeurs et partie intégrante de nos racines. C’est pourquoi l’Eglise de France est désignée comme une des cibles prioritaires.

L’heure est grave. Il faut bien nous rendre à l’évidence : la menace de la barbarie islamiste sur notre propre sol est bien réelle. Elle est devenue permanente, grandissante et multiforme.

 

Quelle réponse apporter face à ce déferlement de haine et de violence ? Dans son communiqué de presse, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, a été sans ambiguïté : « L’Eglise catholique ne peut prendre d’autres armes que la prière et la fraternité entre les hommes ». De son côté, Mgr Wattebled, notre évêque, nous invite dans son propre communiqué à « demander la force de rechercher ce qui contribue à la concorde, à la fraternité et à la paix. » Prière et fraternité sont au cœur de ces déclarations. Au côté d’une armée combattante, au demeurant indispensable pour assurer notre protection (Vigipirate rebaptisée Sentinelle vu les circonstances), nous sommes appelés, en tant que chrétiens à former une armée priante, laquelle pourrait prendre la dénomination de « Vigiprière ». Quant à la fraternité qu’appellent de leurs vœux nos pasteurs, puissions-nous, à travers notre service d’hospitaliers entièrement tourné vers les personnes fragiles, être des témoins et contribuer ainsi, à notre mesure, à faire germer cette civilisation de l’amour qui était chère à Saint Jean-Paul II. Et soyons convaincus, avec Sainte Mère Teresa, que « Seuls, nous ne pouvons pas changer le monde, mais nous pouvons jeter une pierre dans l’eau pour créer de nombreuses vagues ! »

 

Alors, prions pour la France. Ne nous laissons pas submerger par le doute ou le découragement et restons fermes dans la foi et dans notre engagement auprès des malades.

 

  Alain CHARBONNIER – Président de l’Hospitalité   

L'INTELLIGENCE DE LA MAIN

le 16 juin 2016

 

Le mois dernier, il m’a été donné d’écouter une causerie d’un jeune normalien de 30 ans agrégé de philosophie : François-Xavier BELLAMY. Celui-ci enseigne en classes préparatoires à Paris. Il est également engagé dans la vie politique en tant que maire adjoint de Versailles. Sa causerie était en réalité, et selon ses propres termes, une « méditation philosophique » portant sur la spécificité de la main humaine dont il a voulu nous faire appréhender combien elle est un organe extraordinaire et qui mérite toute notre admiration. Il m’a semblé intéressant de vous livrer quelques unes des idées qui ont émergé de cette réflexion. Celle-ci peut nous éclairer sur l’importance des gestes que nous pouvons avoir vis à vis de nos malades et la façon dont ces gestes peuvent être perçus et les toucher si nous y mettons tout notre cœur.

La main est ce par quoi l’homme se distingue dans l’univers. A la différence du singe qui se sert de ses mains pour se déplacer, le propre de l’homme est d’être un bipède. Ses mains sont ainsi libérées par sa bipédie. Et François-Xavier BELLAMY d’en déduire que ce n’est pas d’abord par l’intelligence abstraite que l’homme se distingue mais par sa main et par l’intelligence de sa main.
La main a ceci de singulier qu’elle construit des outils. Depuis le silex préhistorique jusqu’à la fusée spatiale, c’est toujours la main de l’homme qui est à l’œuvre. La main de l’homme a donc une puissance créatrice : toute l’action que nous développons dans le monde commence par nos mains.
Notre main est aussi ouverture à la vérité. C’est par la main que nous entrons en contact avec notre environnement, que nous explorons le monde.
Nous nous servons aussi de nos mains pour entrer en relation les uns avec les autres. C’est la raison pour laquelle nous nous exprimons aussi avec nos mains, lesquelles peuvent parfois être plus expressives que nos paroles. Nos mains expriment aussi ce qui nous habite intérieurement…pour le meilleur : ces mains qui soignent, ces mains qui bénissent, ces mains qui protègent la vie, ces mains qui consolent, ces mains qui défendent ; mais aussi, reconnaissons le…pour le pire : ces mains qui menacent, ces mains qui blasphèment, ces mains qui violent, ces mains qui tuent.
Pour François-Xavier BELLAMY, il est primordial de « réconcilier l’intelligence de la doctrine, de la pensée, des concepts, des principes, des valeurs qui sont nécessaires, avec l’intelligence de la main, avec l’engagement concret, actif dans le monde. » Le monde attend que nos mains se tendent vers lui. Tant d’hommes attendent qu’on leur tende la main et qu’on revienne vers eux.

Alors, quel enseignement tirer de cette réflexion philosophique, pour nous hospitaliers dont la vocation première consiste à accompagner les malades dans leur souffrance et pour certains dans leur solitude ?
La première forme de bienveillance ne consiste pas d’abord à nous réfugier dans nos principes, dans nos croyances. Il faut que ces valeurs auxquelles nous attachons de l’importance prennent véritablement du sens en s’incarnant : dans le geste de la main qui se tend vers le malade pour se donner, se donner vraiment corps et âme, dans le geste de la main qui permet de s’ajuster à celui auquel on se donne.
François-Xavier BELLAMY définit la main humaine comme étant le prolongement de son intelligence. Il cite d’ailleurs Aristote : « Il y a une union profonde de l’intelligence et de la main ».
J’ai pour ma part la certitude que l’intelligence du cœur est une des formes les plus abouties de l’intelligence humaine. Alors, je dirais bien volontiers que la main, celle de l’hospitalier, pour être dans la sincérité du service qu’il rend, cette main ne peut être que le prolongement de son cœur. Vaste programme et combat de tous les instants, tant nos imperfections ont une fâcheuse tendance à nous tirer vers le bas et par là même à nous distraire de notre engagement.
Que Notre Dame de Lourdes emplisse nos cœurs de compassion, de charité. Qu’elle guide nos mains pour qu’elles soient des instruments qui apportent joie et réconfort auprès de nos frères et sœurs malades.

 

Alain CHARBONNIER - Président de l’Hospitalité 

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